Ce rapport du Panel de Montpellier a été lancé en Octobre 2013. Il est co-écrit par Calestous Juma (Université Harvard), Ramadjita Tabo (Forum pour la recherche agricole en Afrique) et Katy Wilson (Agriculture pour l’impact).
Pourquoi faut-il innover?
La production alimentaire reste, en Afrique, bien en-deçà de son potentiel. Un quart des terres labourables du monde se trouvent sur le continent africain, mais celui-ci ne représente que 10 % de la production agricole mondiale. En outre, plus de 75 % du total des terres labourables en Afrique sub-saharienne sont dégradées : près de 3,3 % du PIB agricole est ainsi perdu chaque année du fait des pertes de sol et de nutriments. Le changement climatique devrait aussi réduire la production céréalière de près de 3 %, ce qui contribuera à diminuer de 500 calories par personne les disponibilités alimentaires dans la région, et portera le nombre d’enfants souffrant de malnutrition de 33 à 52 millions. Combattre la faim, la malnutrition et la pauvreté, tout en préservant et en améliorant l’état de la ressource environnementale, dont dépend la subsistance de millions de personnes, et ce malgré le réchauffement climatique et les graves contraintes qui pèsent sur cette ressource ? Voilà qui nécessitera bien de l’ingéniosité, de la créativité et… de l’innovation.
Comment innover au service de l’intensification durable?
Aujourd’hui, les problèmes comme les solutions sont plus complexes, et de loin. Nous devrons dépasser les cloisonnements entre le monde académique, les entreprises et les pouvoirs publics, et réfléchir plus stratégiquement, plus globalement à la manière de résoudre des problèmes très intriqués qui requièrent des solutions et des méthodes intégrées. Nous devons repenser nos systèmes de recherche et d’innovation, pour faciliter la recherche pluridisciplinaire et collaborative, à tous les niveaux Mener des travaux de recherche et innover simultanément sur tous ces aspects ne sera pas facile. La culture et les institutions devront changer.